Le vent fort et frais contre sa peau. De l’herbe grasse entre ses doigts. Son corps épousait la terre riche des grandes steppes. Stanley... Stanley Yxit. C’était son nom. Le soleil chauffait sa peau. Son cuir chevelu était parcouru de transpiration, ça le démangeait. Pourtant il ne bougea pas. Des questions l’oppressaient, l’étouffaient jusqu’à le clouer au sol. Que faisait-il ici ? Comment était-il arrivé là ?
Puis il se souvint d’une chose, un coup... le vieux prêtre l’avait frappé. C’était impossible. Comment ce maigrelet avait pu l’assommer sans le moindre effort.
Gemmell... Gemmell était mort, son visage creusé par la douleur, les pieux d’or maintenant sa carcasse au mur terni par des gerbes de son sang. Il avait souffert, des larmes avaient laissé des rigoles de souffrance sur son visage.
Stanley eu un haut le cœur. Il fit l’effort de se redresser en tailleur, pour laisser son estomac respirer. Il prit de grandes inspirations qui le calmèrent rapidement. Il étudia le paysage qui s’étendait sous ses yeux. Il connaissait cet endroit mais sa mémoire restait muette. Où suis-je, s’enquit-il encore. Mais plus important, où était Sihine ?
Et comme d’habitude, plus il réfléchissait, plus les questions s’estompaient. Tant et si bien qu’il ne restait plus que le somptueux paysage et lui, sans aucunes formes de doutes ni de peurs. Depuis combien de temps n’avait-il plus ressenti une paix aussi profonde, un calme aussi absolu ? Il admira un temps l’immense prairie qui s’étendait sous lui, des fleurs aux couleurs vives illuminant son regard. Partout où portait sa vue, tout n’était qu’opulence et sérénité.
- Bonjour Stanley. (un jeune garçon se tenait devant lui. Stanley ne l’avait pas remarqué avant).
- Bonjour mon garçon. Tu es très discret, fit remarquer Stanley tout en restant assis.
- Je sais. (Un sourire illumina son visage, c’en était presque émouvant). Que fais-tu chez moi ?
- Ce champ t’appartient ? Je suis désolé, je ne sais pas comment je suis arrivé ici.
- Viens, j’ai quelque chose à te montrer.
Sans plus attendre, l’enfant parti en trottinant dans son dos. Stanley se leva prestement et fut étonné de découvrir une cabane en bois, à seulement quelques pas d’où il était assis. Le garçon n’était nulle part en vue. Stanley observa la cabane. Elle était de facture très sommaire, son toit en pente atteignant les six mètres de hauteur. Une cheminé éteinte pointait au sommet de l'habitation. La pierre était adroitement mariée au bois, offrant une isolation optimale. Un porche abritait une petite terrasse et il y avait un banc à quelques mètres de celle-ci, posé sur l’herbe. Une femme magnifique y était assise, ses mains couvrant son visage. Elle pleurait. Stanley fut gêné d’observer une telle scène sans qu’on l’ait remarqué. Il continua à contempler la jeune femme jusqu'à ce que le gamin fasse un mouvement dans son dos.
- Tu connais cette femme ? Demanda le géant.
- Un peu. Autant que toi à vrai dire. (il ne souriait plus)
- Pourquoi pleure-t-elle ?
- Parce que tu l’as tuée.
- Je n’ai jamais tué personne ! S’exclama Stanley.
Mais il était seul. Le paysage disparaissait, se troublant de manière irréelle. Une affreuse migraine lui saisit le crâne, brûlant sa conscience. Il s’évanouit.
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