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 La Joie de mourir (partie II)

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2 participants
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Mademoiselle H

Mademoiselle H


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Date d'inscription : 29/10/2006

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MessageSujet: La Joie de mourir (partie II)   La Joie de mourir (partie II) EmptyDim 5 Nov - 3:06

Une sourde angoisse creusait son chemin dans le cœur de la jeune fille, pesant un peu plus lourd à mesure qu’elle découvrait ce lieu dans lequel elle avait atterri, ce lieu désert et désolé. Elle fut, l’espace d’un instant, tentée de se recroqueviller au sol et de laisser couler ses larmes ; mais elle constata qu’elle ne pouvait pas pleurer. Du reste, elle craignait, si elle s’abandonnait à la tentation de gésir sur ce sol inhospitalier, de ne plus pouvoir s’en relever. Alors, elle fit la seule chose qu’elle était désormais capable de faire : marcher. Elle entreprit de s’engager dans l’une de ces rues tordues, dont l’obscurité avait quelque chose de rassurant pour son esprit affolé. Quelque chose de presque chaleureux, comme une compréhension tacite qui se serait installée entre l’abandon de la ville et la terrible solitude de son être. A mesure qu’elle parcourait ce boyau, de sombres pensées lui venaient à l’esprit. Pas des idées précises, juste des sensations gênantes qui coinçaient une boule de rancœur au travers de sa gorge. Quelque chose pesait sur ses épaules, qui rendait son avancée difficile, comme si ses pieds étaient embourbés dans un magma terreux. Ses jambes la traînaient dans un dédale de ruelles, tandis que, perdue dans le flot des sentiments anthracites qui l’assaillaient, elle ne voyait de cette ville qu’une succession d’amas de pierres noircies.

Sans savoir comment, elle se retrouva dans une sorte de long couloir étroit, enserré par deux murs lisses, incroyablement hauts. Elle remarqua immédiatement que la pierre, dans ce mince passage, était restée blanche. Probablement parce que le vent ne pouvait s’y engouffrer… Malgré la lueur apocalyptique qui baignait l’endroit, ce blanc lui sembla incroyablement lumineux, en comparaison de la nuit qui habitait le labyrinthe qu’elle venait de parcourir, et il lui fit l’effet d’un seau d’eau jeté au visage. Ce fut comme si elle se réveillait d’un long et pénible cauchemar.

Le pesant engourdissement qui s’était emparé de son cerveau et de son âme s’allégea quelque peu, et elle put à nouveau regarder autour d’elle. Surprise, elle constata qu’il n’y avait nulle part derrière elle le moindre orifice par lequel elle eût pu accéder à cet étrange chemin. Mais, trop fatiguée pour s’en inquiéter outre mesure, elle préféra poursuivre sa route, plutôt que de s’attarder à chercher une issue qui n’avait peut être jamais existé. Après tout, peut être était-elle née dans ce couloir exigu, peut être y marchait elle laborieusement depuis le début de sa pauvre existence.

Et à nouveau, dans sa gorge et son bas-ventre, cette sensation d’oppression, de plus en plus vive.

Après une longue errance entre ces deux murs parallèles – elle ne savait pas combien de temps exactement, peut être quelques minutes, peut être plusieurs années, – alors qu’elle avait cessé même d’imaginer qu’il pût exister un moyen d’en sortir, elle fut brutalement confrontée à un carrefour. Immenses, presque indécentes, deux arches obscures baillaient face à face, comme deux blessures béantes dans la pierre diaphane. Un large escalier courait sous chacune d’elles. De part et d’autre de l’ouverture de gauche, grimaçaient des masques de comédie souffreteux, les mêmes que ceux qui ornaient la margelle de la fontaine. La fontaine… C’était si loin… Entre ces visages, les marches descendaient et se perdaient dans le néant. L’arche de droite, quant à elle, était entourée de deux des faciès douloureusement joyeux, et l’escalier qu’elle abritait montait abruptement vers une lueur floue.

Accoutumée qu’elle était à son avancée interminable dans ce couloir, qui décrivait, lui semblait-il, une légère courbe ; il lui fallut un instant avant de comprendre qu’elle pouvait choisir de passer à travers l’une de ces deux bouches, plutôt que de poursuivre sa trajectoire linéaire. Alors, usée par sa si longue marche, elle ne réfléchit pas une seconde, et s’engouffra dans l’escalier descendant. Malgré les ténèbres qui l’envahissaient. Malgré l’air stagnant, humide et vicié qui l'habitait. Ce ne fut qu’au bout d’une vingtaine de marches qu’elle s’arrêta. Que l’engrenage de sa raison s’enclencha. Elle pensa au carrefour, à ce choix qu’elle avait dû faire entre lumière et obscurité. Entre effort et facilité. Elle pensa à la religion, à la mythologie. Après tout, elle était morte, non ? Elle était morte, et elle venait de s’engager dans une voie qui la précipitait vers les enfers. Paniquée, elle tourna les talons et courut presque vers le couloir.

Et cette fois, sans hésiter, elle s’engagea dans l’ascension pénible du second escalier, terriblement escarpé, comme s'il était bâti à flanc de montagne. Chaque pas était une souffrance, mais elle continuait, inexorablement ; sentant, à chaque expiration, son souffle se perdre, absorbé par le vide de ce lieu.
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MaGe

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MessageSujet: Re: La Joie de mourir (partie II)   La Joie de mourir (partie II) EmptyMar 14 Nov - 0:07

Ton écriture, bien qu'encore trop chargée, est un délice de tous les instants... vraiment.
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