Ici va un soldat (attention pathétique à souhait)

Il est temps
De pleurer sur les murs
Qui se lamentent
Et languissent
D’impatience de chuter.

Sur un quai de gare
Un soldat s’en ira
Les bronches encrassées
Et récitant des chapitres,
Un asthme vital
Au fond de ses poches
Et des sacoches
Des sacoches
Vomissant du savoir.

Tout un continent
Pour une simple bidasse,
Terres métisses
Et déserts hivernaux.

Il n’y a qu’à
Fouler la poussière
Pour qu’elle s’envole alors.
Il n’y a qu’à
Suffoquer
Pour reprendre son souffle.

Dans la maîtresse Sierra
Un soldat s’en va
Maestro du regard,
La jungle pour patrie.
Pressé par les balles
Un homme poursuit
Ses peurs.
Pressé par le napalm
On ne court que derrière soit.

Il n’y a qu’à
Se battre
Pour faire montre d’impuissance.
Il n’y a qu’à
Etre impuissant
Pour faire montre du contraire.

Il a traversé des lacs
Aux torrents stagnants
Figés d’étincelles
De courage et d’espoir.

Courage et espoir ?

De grands mots
Et
De grandes phrases
Qui ne parlent
Pas mieux qu’un cri.

Une rafale,
Une dernière,
En points de suspension
Et
Un barbudos de plus
Au souffle coupé.

Bataillait
Un enfant
Devenu soldat
Aux rêves trop grands
Pour cette terre.

Cette étoile et ce béret
Ne sont que symboles
Ne sont que rien
Rien que des riens.

Il n’y a qu’à
Faire pour être
Il n’y a qu’à
Etre pour toujours l’être.

De l’Amérique Majuscule
Et d’Ailleurs
Il était.

Ici, là,
Dans les poumons du monde
Un soldat s’en allait
Et jamais assez loin.

Ici, là,
Embrassant la liberté,
Un soldat s’en est allé.