Puisque tout ne vaut rien,
Puisque rien n’a de sens,
Je veux te serrer dans mes bras
Pour étouffer tes cris,
Pour étouffer ces cris
Qui ne veulent pas sortir.
Puisque je ne peux qu’envisager
Tes figures aux mille visages,
Je ne dévisage que toi
Mais je défigure le monde.
Puisque tout est ruine,
Puisque tout est joué,
Puisque je perds de vue
Ma vision de ce monde,
Puisque la vraie vie
Est au rayon surgelé,
Puisque je me suspends
Au fil rouge de tes lèvres,
Puisque ce fil du rasoir
M’étrangle à jamais,
En mille laideurs je t’envisage,
Pour unique beauté.
Puisque les poèmes ne sont
Que des images transparentes,
Puisqu’ avec les mots je cherche
A trouver la mort,
Puisqu’ au bout de ma langue
Il n’y a rien de certains,
Puisque je me noie
Dans la goutte d’eau
Qui fait déborder la vase,
Puisque je ne tue pas l’ours
Mais que lui vend ma peau,
Puisque je peux mourir
Trois fois en un jour,
Puisque je ne veux pas
Coucher ton soleil,
Laisse-moi te dire
Que tout ne vaut rien
Et que rien n’a de sens,
Laisse-moi te dire
Que c’est pour ça que je vis,
Puisque nous ne sommes que…