C’était l’hiver et nos yeux gris
Etaient des ciels gorgés de pluie,
C’était l’hiver lorsque ton pouce
Vint rendre l’âme entre mes paumes,
Et je riais sans rien savoir
-On ne sait rien lorsque l’on rit.
C’était l’hiver et tes cheveux
Jouaient à feindre le printemps
Et les moissons de nos regards
Ne récoltaient que des rumeurs.
C’était l’hiver et ton prénom
Venait d’orient, venait de loin,
Je n’avais qu’à le répéter,
Le murmurer, pour le comprendre.
Rappelle-toi, il faisait froid
Et la pluie fine nous défiait,
C’était hier? Je ne sais plus,
A quinze ans on ne compte pas.
Rappelle-toi, c’était l’hiver
Et la bruine nous mitraillait,
Nous étions nouveaux amants
Dans un vieux monde, un vieil enfer.
C’était l’hiver, le sol glissait,
Si je tombais, tu étais là,
Il faisait froid et je voulais
Que mon écharpe soit tes bras.
Rappelle-toi, quinze ans d’hiver
Ne valent pas six ans d’été,
-Retiens ces mots dans une étreinte,
Dans une étreinte d’agonie.
Rappelle-toi, c’était l’hiver
Et ton prénom venait d’orient,
Rappelle-toi, tu l’écrivais
De trois baisers sur mes deux lèvres
Et la chaleur venait mourir
En chuchotant à mes oreilles:
La vie se nomme Salomé.
C’était l’hiver et nos yeux gris
Semblaient enfin tout s’être dit,
Quand quatre lèvres se sont jointes
Pour ne former qu’un souvenir.
Rappelle-toi, c’était l’hiver,
Il faisait froid, mais pas chez nous,
La pluie battait l’herbe dehors,
C’était l’hiver, mais pas chez nous.