L’œil neuf se dénude
Face aux églises païennes,
Un soir éclairé
Par des signaux de détresse,
L’œil neuf se dénude
Et s’habille de borgnes.
Devrais-je écrire
De ton sang ou du mien
Les syllabes des yeux
Qui n’entendent plus rien?
Quels organes dois-je mettre
Sur les mots assourdis
Pour que la vérité éclate
En morceaux de mensonges?
Quels mots méritent l’encre
Du crayon de mes doigts?
Les glaives brandis
Sont la paix de nos massacres
Et de nos murs d’asiles,
Alors saignons les porcs
Et écoutons les plaintes
Harmonieuses des gorges
Transpercées de plumes.
Il n’y a pas de bonnes guerres
Mais la nôtre est terrible
Les corps s’écroulent par centaine
Et nous mangeons la famine,
Il n’y a pas de bonnes guerres
Lorsqu’elles sont terminées.
La nôtre est terrible
Et durera le temps
De la chute d’une plume
De notre pupitre de bois
A vos tombeaux de marbre.
Enfin,
L’œil neuf se dénude
Pour voiler tous les autres.
Quels mots dois-je graver
Sur vos épitaphes?