Apostrophes anthracites (poème de guerre intérieure)

Un corps liquide m’enveloppe
Et l’anthracite du métro
Se fond à mes neurones
A la vitesse des alcools.

Alternatif
Au court-circuit
Je recule
Les yeux fermés.

J’ai sous mes cils
Les restes des cadavres
Que je ne peux plus pleurer.

Et pourtant

J’ai trahi cet homme
Qui me portait en lui,
Celui
Qui me voyait incapable.

Et pourtant

Je réussis
Je réussis à me survivre.

L’opéra d’un homme
Muet et fatigué
Fait sourire ma trachée
En saccade
Féminines.

Pas de folie sans raison,
Pas de mort sans espoir,
Alors que faisons-nous
Agenouillés
Sur nos salaires?
Nous prions,
Oh! nous prions

Et pourtant

Nous n’y croyons pas.

Hurlons
JE VIS
Murmurons
J’ai vécu,
Et ces no man’s land
Sans obus
Et sans boyaux à ramasser.

Apostrophes-toi au pire
Comme tu étales ton sperme.

Petit enfant
Un jour deviendra grand,
Un jour,
Allongé dans ton caveau.

Et pourtant

Suis-je encore là?

Et pourtant

L’ai-je déjà été?

Un jour
Petit enfant
Deviendra mort.

une guerre intérieure touchante on est tous des morceaux éparpillés un peu partout et c'est très bien comme ça.