Poussière cardiaque (Keep me - Mademoiselle H)

Poussière cardiaque

Le râle de la maladie
S'immisce
Sur une route de charbon
Et crache
Ma sombre fumée minière.

Sens-tu la peur enfler où nos doigts se rejoignent ?

Mes phalanges prises aux pierres
D'une peau tendrement cyanurée
Se couvrent d’éraflures ;
Mes espérances cariées
Se détachent de mes gencives
Et se perdent dans tes ronces labyrinthiques.

Captive de ta nuit aux lendemains prisonniers,
De l’appât de tes lèvres enfiévrées,
Des frissons à la couleur d'une chimère geôlière…

Blanc pour l'avant
D'un futur noir
Gris d'insomnie.

Le squelette des arbres crucifie le ciel.

Cœur crevé,
Battements absurdes ;
Soleil froid,
Couché avant l'aurore.

Un magma de souvenirs désossés
Coule de ma mémoire braise.
Nos baisers ensanglantés
Dispersent des charniers
Sur les cendres vermillon.

Naufragés
Par la tempête de nos souffles ;
Epuisés par le vent,
Avortés par le temps.

L’eau du diamant de ma haine
Est aussi pure
Que les replis de mon amour
Sont souillés
Par ton revers de non mots
Cinglant ma vie.

Mon chagrin se brouille sans me laisser t'évaporer
Dans les méandres de ton cancer inculte aux larmes.

Les contours de ton visage s’effondrent
Dans ma tour mémoire frêle d'ivresse,
Comme le fusain de mes illusions
S'efface sur ma carte de reine,
Perdue de n'avoir su te jouer.
Et les graviers de tes ruines
S’incrustent sous ma peau…

Un goutte à goutte
De souvenirs fugaces ;
La Perfusion poison
De rêves mort-nés
Enlace mon néant ;
Ma mémoire gelée
Par tes bras indifférents
Refermés sur le vide.

Nous


Keep me – Harmonie du Soir, le 17 décembre 2006