Sang pour sang

En un mot comme encens allumons l'un des sens
Commence à l'aube-scène en découchant la lune
Puis touche mon étoile, allons de l'autre à l'une
Comme ces ballants soirs se payant du bon cens

Mais avant le bouquet de fleurs de peaux final
Que ta langue de bois s'éprenne d'incendies
Joue tes appâts de loup en tendres perfidies
Sur ma chair majuscule à ton point cardinal

Dans la chambre à coucher du soleil et du roi
Nid des terres nie taie, il n'est de lit sans cieux
L'indécent s'abandonne en délits silencieux
Dans les bras de satin que Satan lui octroie

Notre monde est peuplé de démons et merveilles
De magie grise aigrie où l'image est nation
D'une phosphore-essence en imagination
Faisons qu'en ce fantasme une chimère veille

Elle est de notre foi l'amante religieuse
Poings liés en prière en scrutant les cents ciels
Et blasphème le temps aux sables essentiels
Puisque l'or loge aux creux de nos mains prodigieuses

Et que sonne la larme à nos jours engoncés
Blues au cou de minuit pour cet alexandrin
Et d'épreuves d'amour tes douze clous d'airain
Enfoncés dans le cuir de mon cœur bleu foncé

En sangsue alitée à ton corps dépensant
Je m'agrippe à ton crin de folie, de débauche
Animâle affranchi, centaure et sans reproche
Ton galop à ma zone est garrot de pur-sang

Tu m'enseignes le cours magistral d'un vampire
Le venin dans la veine et la mort sûre au ventre
Et nous saignons à deux en ce même épicentre
Juste avant l'apogée des flammes d'un vent pire

Je me fais un sang d'encre à t'écrire mon âme
Me piquant d'illusions aux épines d'or sale
Car j'ai besoin d'espoir, du feu paradoxal
Qui brûle pour que vive encore un peu ce drame

La dague autour du doigt en anneau d'amarrage
Je garde cette empreinte à jamais sur ma peau
D'un centenaire amour comme porte-drapeau
Symbole de l'union sacrée de notre rage