Jour férié (chanson)

Un mardi gras de vache maigre
On partira, nos langues aigres,
Au gré du vent, nous envoler
Et voir la terre et l’océan,
Auprès du temps, sous son collier,
Avoir la paix des maux béants.

On oubliera nos souvenirs
Ceux qui tordent nos muscles las,
On s’ouvrira à tous les rires,
L’amère mort nous sculptera.
Un jour férié on oubliera
Que les hivers n’existent plus
Et leurs flocons chutant au bas
De nos sourcils auront perdu
Leurs froids divers masqués en draps,
Et le printemps aura vécu,
L’été d’orage tendra ses bras
A deux corps d’or et dévêtus.

A la toussaint d’une naissance,
Sous tes doux seins, la complaisance
S’immiscera de mes empreintes
A tes frissons et tes soupirs,
La vie sera à présent peinte
D’un soupçon d’art de tes sourires.

On oubliera les souvenirs
Qui déformaient notre miroir,
On laissera les coups venir
Et nos corps laids seront mouroirs.
Lorsque l’on ment, seule est victime
La chair de l’être que l’on oublie,
La seule peine pour ce crime
Ce sont ces larmes qui supplient.
Un jour férié, mon souffle infime
Sera tempête et douce pluie,
Un jour férié ton souffre intime
S’échappera dessous la nuit.

Et nos langues seront déliées,
Nous ne vivrons pas à moitié,
Nos tristes vies seront alliées
Ce jour où nous serons fériés.