Allons! Poétisons! Pratiquons des saignées entre les interstices, et si les mouches volent au-dessus des cadavres ce que la faim les pousse. On ingurgite, on déglutit, on vomit. Toujours avec plaisir. Mais les asticots nous feront à jamais ramper.
Meurs, on verras bien. Tu verras bien. Mange la poussière. Elle a bien plus de goût que ces plats en sauce de restauration rapide, que l’air du temps et les ères préhistoriques, que ces corps violés par l’ambition, que cette postérité fictive et illusoire, que ces histoires que l’on se raconte le jour pour s’endormir, endormir ces visages qui sourient d’immondices. Meurs, tu verras bien qu’il fait beau dans les ténèbres.
Ignorez le souci d’expansion et de modestie prétentieuse. Ne sont génies que les morts, car ils ne le savent pas. N’est immortelle que l’illusion et l’illusion de l’illusion. L’éternité c’est laisser ses empreintes sur le sable d’une plage que l’écume balaye. Mourrez, vous verrez bien qu’on n'y voit plus, que personne n’y voit plus.
Poétisons de kilomètres d’industrie littéraire soumis aux capitaux. Poètes ingénieurs du génie militaire et de syntaxe fatiguée usés par le bon sens.
Les Grands Hommes ne l’ont été que par la petitesse du monde. Et de ses idées. Les étoiles meurent, seule l’obscurité persiste.
Annihilons la culture, entaillons-la à son sternum et perçons lui les poumons. Tuez tout sur votre passage. Vous en premier.
L’éternité c’est vivre mort. La poésie aussi.
Poétisons!