Nord et Sud.
J’entends souvent des cris au-delà de mes larmes,
Des gosses affamés faisant l’amour aux armes,
La crosse dans la main et rien dans l’estomac.
Ces bouts de rêves morts qui tutoient la misère,
Ils errent dans les nuits qui sont fuies des lumières
Portant dans leurs esprits les tombés au combat.
Et moi l’occidental, moi qui me plains de vivre,
Je souffre ma pensée que la douleur enivre,
Jouant à l’égoïste alors que l’affreux glas,
Résonne sur les champs domptés par Jéhovah,
Son cri parcourant l’air, ses yeux voyant la mort,
Son oreille muette et sa main sur les corps !
Là-bas ! Tout est figé, le temps n’a plus d’espace,
J’écris ces quelques vers quand leurs enfants trépassent,
Si je suis obsédé, c’est bien par ma faiblesse !
Jamais aucun alcool n’offrira cette ivresse
Que de penser à eux, à ces pauvres gamins,
N’ayant pour avenir que du sang sur leurs mains.
Et je me sens si las de ne faire qu’écrire.
Mon corps honteux, rageur, sur le point de périr,
N’a comme seul reflet, dans le miroir des âmes,
La terreur et les pleurs, le désespoir, la flamme
Distillant ma peau blême en éclat d’existence,
Eux sont morts en Afrique et moi je vis en France.
MaGe. 29/10/2006