Harmonica,
Les herbes hautes cachent tes pieds,
Mais ce n’est rien, rien
Que tu ne puisses écraser.
Je sais que je parle souvent de printemps
Quand toi tu ne désires
Qu’écouter les hivers,
Alors cessons, cessons,
D’écrire les saisons,
Tant de morts l’ont déjà fait
Qu’on ne sait que les confondre.
Harmonica,
Les tissus amples que tu portes
Récoltent le pollen
Pour semer sur ta peau
L’odeur de vie, l’odeur d’odeur,
Pour que l’ombre de mon ombre
Sente juste ta poitrine.
Harmonica,
Il y a des jours comme ça
Où l’on dit qu’il y a des jours comme ça,
Et toi tu me souris,
Des questions entre les dents:
Y a-t-il vraiment des jours?
Y a-t-il vraiment des mois?
Y a-t-il vraiment des ans?
Y a-t-il vraiment un toi?
Je ne sais pas,
Je ne sais pas ce qu’il y a,
Sauf la chaleur de ton sexe,
Le miel roux de ta peau,
L’herbe et le ciel réunis en deux yeux,
Tes fesses fraîches souriantes
Et les plis bruns devant ton cou.
Harmonica est ton nom
Le nom secret que je te donne,
Car rien n’est plus cassé que le souffle que tu m’offres,
Car rien n’est plus fragile
Qu’un de tes soupirs allongés.
Harmonica,
Les herbes hautes cachent tes pieds,
Mais ce n’est rien, rien
Qui t’empêches d’avancer
D’avancer jusqu’à moi.
Harmonica,
Les herbes hautes cachent tes pieds
Et tes mains couvrent mes yeux:
Y a-t-il vraiment des jours
Où nous savons qui nous sommes?