Paris, réveille-toi

Paris, réveille-toi



Leurs corps noués
Aux croix des cimetières
S'élancent en feu follets
Aux balles meurtrières,
Et en rouges étendards
Les chemises ouvrières
Qui font chanter la ville
Dans un semblant d'hiver ;

A l'ombre des barricades
Le balbutiement des canons
Qui endorment nos camarades
Quand nous, nous résistons...
Et que vois-tu là-haut
Sinon une mouette noire
Qui étoile le ciel ?
Et que vois-tu là-haut
Sinon une étoile sombre
Qui se cache derrière elle ?

Paris réveille-toi
Tu es aux mains de Thiers
Premier Adolphe sanglant
Qui fit saigner nos terres
Et qui aveuglément
Reniait les Enfers
Que nous vivons pourtant
Quand le riche nous enterre.

Et nous voilà qui pleurons
Sous la sueur collante
Dans le sang qui réchauffe
Quand nos femmes enfantent
Et nous voilà qui pleurons
Quand le poing meurtri
Ne se lève plus
Et qu'il y a les amis
Qui s'effondrent dans nos bras
Lorsque la baïonnette ennemie
Se recharge dans la soie...


Paris réveille-toi
Ils ont bâti leur Sacré-Coeur
Sur nos tombes
Pendant qu'en hécatombes
On tombe et puis on meurt
On souffre et puis on pleure...


Je t'appelle, Paris, Paris la rouge,
Comme une femme blessée
Qui porte en son sein
Des enfants délaissés,
Paris réveille-toi
Ces enfants ont besoin de ça
Pour enfin se relever
Et lutter sur les mêmes pas
Qu'il y a plus de cent ans
Ces communards ont laissé là.