Les feux sont dessinés, d'instinct. On m'a écrasée sur la ligne de départ, et mes pieds nus greffés de verre, sous les roues du camion, s'enfument de regrets.
Je ne suis qu'en voyage.
Demain, hier, sur les graviers, un peu de mes traces cancéreuses s'amusent à faire crisser mon sirop veineux.
Sous mes doigts en grillage, je me contaminerais.
La pointe d'acier de mon coeur électrique décharge mes poumons d'une terre encore conquise, ma centrale nique l'air.
C'est le dernier décor à l'endroit où l'envers des corps est à vendre cher.
Je ne bois plus à pile ou face sans perdre quelques empreintes spatiales. Je suis la bouteille de whisky qu'on n'a pas jetée à la mer.
Je suis une oeuvre d'artifice.
Ce soir je plurielle mon appel au secours pour des tueurs en cage englués dans leur rime. Ils ne savent pas viser de loin, et la reine n'a jamais eu de roi.
A la roulette russe, savez-vous que je jouerais les yeux ouverts, même s'ils vagabondent dans le chargeur. Accent soviétique entre les dents, cartouche rouge, poudre à quatre noms, en vase clos entre mes tempes, je me tuerais toute entière.
Les faux cils encombrent mon champ de vie si on ose parfois me mordre les pieds de mes propres marteaux - ce sont mes seuls bagages.
Mes orbites sont à fleur de peaux le canon vide des paroles que je n'entends pas. La reine n'a jamais eu de roi, alors j'avale mes nuits pour dégueuler vos jours.
Étanches moments de sueurs qui sont miennes.
Moscou libéré.
J'ai pris mon otage.
Sur les champs de bataille je joue au plus mort. Peut-être aurais-je la chance avortive - au hasard des flocons - de faire naître le chiendent. Et mon sourire aura sa teinte lorsque je l'étranglerais, et mes dents seront plus blanches que la neige.