Cimetière d'éléphants

Nous avons oublié nos fines peaux d’ivoire
Ecorchées des graviers des jardins de nos vies ;
Et nos regards d’ébène engloutis par l’espoir
Du trépas de nos maux et d’urgence infinie.

Nos souvenirs sépia et nos photographies
N’ont de nous qu’un visage aux multiples facettes.
Pour toujours et jamais un sourire suffit
A briser le vase de nos fleurs de fête.

Souvent nous empruntons la route de l’enfance,
Que toujours nous gardons dans les creux de nos pas,
Mais jamais le passé ne se rappellera
Que ce sentier conduit aux tombes sans défenses.

Qu’est devenu l’enfant du jardin des sourires,
Croque-mort fatigué ou dérobeur de temps?
Porcelaine vieillie, métal précieux, saphir?
Pour moi tu ne seras qu’un tombeau d’éléphants.

Nous avons oublié nos fines peaux d’ivoire.
A trop vouloir grandir
On apprend à mourir,
Se regardant de loin dans un sombre miroir.