Tous les deux on a pris des routes ensemble et fait des joutes en sang,
Les fous se ressemblent et sans musique nous bougions sur des clous dansants,
Il y a des tas d’histoires qui sont les mêmes que les nôtres,
Il y a des tas d’espoirs qui sont les thèmes des autres,
Et tu chantais ces textes sans paroles écrits à l’encre de chine
Et je peignais sans huile et sans peinture quelques scènes de crime
Et les chaînes aux échines de nos corps engourdis nous lacéraient de solitude,
Nous étions seuls à deux et je me lançais dans de folles études,
Le sol est dur que l’on chute d’un trottoir ou du ciel,
Tout ce qui était sans toi m’était un putain de foutoir au goût de miel,
Au bout d’une échelle il y a à atteindre le plus souvent des toits
Mais toi et moi n’avons jamais su grimper sans regarder en bas,
Sans se garder de foi, nous croyions pourtant au bonheur,
Il n’y a pas de fumée sans feu mais des intoxications sans odeurs,
Et très vite arrivent ces caresses que l’on connaît depuis des mois,
Que l’on brodait de fil de soie mais qu’on abandonnait aux puits d’émois,
Aussi, quelques fois, certains baisers me restaient froids
Mais un être humain se complaît parfois à ne ressentir que de l’effroi,
Et si je ne t’aimais plus c’était pour mieux me détester
Et si je l’avais su j’aurais peut-être pu m’en empêcher,
Mais avec des si on écrit que des bouquins de Marc Lévy
Donc autant laisser les choses telles quelles même si elles ne respirent que le mépris,
Car le mépris se mue en haine qui n’est que de l’amour mal placé
Et si la mort a tracé quelques traits c’est pour qu’ils n’en fassent plus qu’un et c’est assez,
Je t’aime et tu le sais et je le saigne et tu ne cesses
De semer tes propres empreintes et pour te suivre je me presse
Et je ne tresse que tes cheveux d’une détresse de pendu
Car je rendais à César ce qui ne lui avait jamais appartenu
Mais je ne voulais pas savoir que toi tu étais Cléopâtre
Et le serpent ne te mordait pas car les mains se comptent par quatre
Et demain se conte par carte ou dans de grosses boules de cristal,
Celles que l’on a au fond de la gorge et que rarement l’on avale…
Tu chantais ces textes sans paroles écrits à l’encre de chine
Et je peignais sans huile et sans peinture quelques scènes de crime,
Et nous chantions des peintures et nous peignions des chansons
Et nos couleurs sans teintures n’étaient que des mots sans raisons,
N’étaient que des maux aux cent saisons
N’étaient que des mots aux cent saisons
N’étaient que des mots aux cent saisons
N’étaient que des mots, que des mots, que des mots,
Que des putains de mots sans toile de fond.
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