Tribu d'ânes

Tribu d'ânes


A chaque instant sinistre enduré sur nos terres
Aux quelques temps impurs volés dans nos prières
A leurs rires divins qui ont creusé nos rides
Et aux tirs des Tyrans pour seuls éphémérides,

Plions nos coeurs fourchus et courbons donc l'épine
Devant eux, vite, ôtons nos pétales de prose.
Si la nuit dure un peu, si le nu nous chagrine,
Sirotons notre mal, c'est parce qu'ils nous l'imposent.

Laissons couler le vent entre nos doigts dormants
Le sang engourdira, dans les affres d'antan
Ces mues cent fois pansées sur vos corps amadoués,
Et ces mille autres plaies qu'Ils ne verront jamais.

Mon peuple assassiné! que vos yeux soient maudits
S'ils sont le vrai reflet de vos âmes assourdies.
Allez quérir chaleur auprès des jeunes cercueils
Et que la sève soit de vos prisons le seuil.

Mourez pour leurs idées, si tel est votre chant,
Le mien est autrement, il vit à mes oreilles
Et pourrit sur vos lèvres, vaniteux amant.

Et si je crie pour vous, parce que je crie pour vous...

Condamnez-moi pour vol à main mal désarmée
Recherchez-moi pour tout ce que je n'ai jamais