Etats internes.
Le paradoxe. Le paradoxe, voilà le mot ultime, le mot qui réuni puis uni la vie elle-même. Parler de l’immensité indéfinissable en évitant la grandiloquence, décrire une souffrance atroce que l’homme moyen ne conçoit même pas dans son imagination et souffrir cette existence en étant heureux de la subir ; absolument tout n’est que paradoxe.
Je comptais... Je crois que je compte écrire à jamais et jusqu’à ce que mort s’en suive. Dans la plus grande dépression ainsi que la plus exquise satisfaction. Je ne peux pas leur en vouloir de ne me voir que pareil à un être arrogant et mégalomane, car ma vision serait la même sur ma propre personne si je n’étais pas entièrement moi. Les doubles négations sont l’essence même de mon esprit. Tout se base sur une idée, une clé à laquelle s’offre un nombre infini de portes que j’ouvre toutes en même temps. En résulte, pour la plupart des ouvertures, un néant indéclinable et obtus. Néant qui provoque un vide ponctuel et intense, comme un sentiment de perte ; rempli de tristesse et de désespoir. Voilà ce qui s’ouvre dans la majeure partie des cas. Mais pas tout le temps non, surtout pas. Ces premiers cas de réflexions sont rejetés, c’est la première négation. Puis, quelques portes apportent des éléments potentiels. Ces mêmes éléments que je prends de rejeter également, ceci pour deux raisons : Premièrement, ils ne sont pas la réponse unique (Qui elle-même n’existe probablement pas dès lors que l’on réfléchit sur des concepts plus ou moins indéfinis.). Deuxièmement, rejeter ce que l’on pensait acquis permet d’y porter de nouveaux regards, avec une quasi-objectivité. Le refus de la réalité est donc le meilleur moyen d’y parvenir.
J’ai énormément de mal à m’auto définir et, étant donné la diversité des définitions que l’on m’attache, en fonction de chaque individu, je pense être en mesure de dire que je suis quelqu’un d’indéfinissable. Certains me voient comme un génie, d’autres comme un fou et quelques uns que je ne comprends pas, me disent tout à fait commun. Je me demande si cette aversion pour la normalité ne me pousse pas à m’inventer différent. Bien que je ne le souhaite aucunement, je ne peux rien écarter sous peine d’être comme « eux ». Chercher toutes les réponses est éreintant et en conclusion, je sais que je ne suis pas commun sans savoir en quoi je suis différent. Si écrire suffit à dire que l’on est exceptionnel, tout le monde écrira. Alors peut-être simplement que l’exceptionnel de quelque chose réside dans son secret. Il me faut cultiver ce secret. Je refuse de croire à la masturbation d’esprit. Ce terme péjoratif ne définit en rien mon activité car celle-ci n’est pas égoïste ni inutile. De fait, j’en retire plus de souffrance que de plaisir. Mon but ultime serait l’altruisme. Permettre à ces personnes moyennes de parvenir au stade imaginaire où je suis actuellement. La sagesse également, ou, en d’autres termes, l’accès à l’inconscience en passant par l’état conscient ; Boucler le vice.
Si certains me qualifient d’arrogant, c’est parce que je suis sûr de moi. Ma pensée s’amuse sur des terrains de jeu déserts. Mais contre toute attente, je n’arrive jamais à éluder leurs critiques douloureuses, parce qu’être sûr de soi, c’est se remettre en question continuellement. Rien n’échappe au paradoxe. J’ai aussi besoin de repos spirituel, que je trouve auprès de ces personnes qui ne me comprennent pas et qui n’essayent pas non plus. Des gens pour qui je suis tout ce qui est de plus normal, j’ai besoin de cette innocente humanité. Malheureusement, je pense que je devrai m’en échapper pour éteindre cette vulnérabilité latente. Ces critiques me refoulent, me brident. Si je veux un jour toucher tout le monde, il me faudra être différent, inhumain. Les grands hommes sont tous partis de rien, mais moi j’ai déjà les mots. Je serai beaucoup plus ; je ne serai plus rien. La seule chose qui unisse les hommes, c’est le néant.
Mage, 15/12/2006
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