Dis moi quel âge on a
Lorsque l’on a vingt ans
Et qu’on pisse contre les murs
Et qu’on saigne à tomber d’en bas
Dis moi quelle vie on a
A forcer de vains temps
A aspirer nos écorchures,
A en faire tomber nos bras.
Et le son de la peau déchirée par un poing hante mes jours, ces jours où je rêve de graviers dans notre cour, ces jours où je rêve d’encens cancérigène.
Je t’aime et tu le saignes, je t’aime et tu le saignes. On ira mourir, tous les uns, mains dans la tête et les poches pleines de sable. On ira mourir, nos foies pleins de rires et d’eau de mer. On ira mourir tous les uns.
-Eteins ta cigarette, je ne veux pas que tu brûles à l’intérieur.
-Mais… je brûle.
-Pourquoi?
-Parce qu’il fait froid en moi.
Je me sentirai capable aujourd’hui, je me sentirai capable de demains et d’aujourd’hui, je me sentirai capable d’ébranler des tours de contrôles et des épines dorsales, de disséquer des mots et des poussières et des êtres vivants, pas trop encore. Je rêve de perdre ma montre et les lampadaires m’indiqueraient le chemin. Je suis mort tellement de fois que vivre en devient jour de fête. Mais là, j’exagère.
On marchera sur un sentier. On s’arrêtera dans un champ et tu feras comme ces mannequins de publicités, tu tourneras sur toi-même parmi les blés, et tu vanteras ce parfum si cher et si inefficace que l’odeur d’un bloc opératoire sera divine.
-Donne moi du feu, j’ai froid moi aussi.
-On dit s’il te plaît.
-S’il me plaît.
Dis moi quel âge on aura
Quand on ira mourir.
Tous les uns.