Reine Noire

Reine Noire

Non, je n’ai pas pleuré, et ne pleurerai pas !
Mon sang abreuvera les trottoirs de Paris,
Sans que la moindre larme, ou que le moindre cri,
Ne perce de douleur mes espoirs au trépas.

Bois ma vie silencieuse à mes lèvres rougies ;
J’ai déposé mon aile en tes mains hasardeuses ;
Arrache, sans pitié, ses plumes loqueteuses,
Et laisse-moi baigner dans mon hémorragie.

Déchiquette mon cœur des aciers de tes mots !
Je n’ai pas la candeur de ce pantin martyr
Que célébrait hier ton violent zéphyr ;
Lorsque tremble le soir, je me ris de mes maux !

J’immolerai la voix de la petite fille
Qui meurt au son du glas de mes ineptes songes ;
Je veux flamber encore au feu de tes mensonges.
Ton regard se consume au fond de mes pupilles…

Je voudrais m’enivrer de champagne et de toi,
Me noyer en tes vers comme dans ton parfum,
Tes baisers parsemés dans le creux de mes reins…
Je veux mourir de toi à en perdre la foi.

Je crève des vapeurs de nos fumeux émois ;
Et si tes Marlboro ont une odeur de mort,
Je veux entendre encor le tocsin de nos corps.
Qu’éclosent mes frissons sous l’ambre de tes doigts !

Tu ne froisseras pas mes rêves de papier !
Souviens-toi de l’écho de mes pas sur ton seuil.
Ma fierté se fera digne de ton orgueil,
Je serai Reine Noire en ton cœur échiquier !

28 novembre 2006