Des restes épars de rêves blancs, vaporeux, de cotons. qui se dissipent. Des morceaux de confidences et des dialogues café-clope. Des disques rayés, qu'on a emprunté à quelqu'un. Un t-shirt sale, troué, chiffoné dans un coin de la pièce. Des restes épars de rêves blancs, vaporeux, de coton.
Des mélodies pour marcher dans la rue, pour entr'apercevoir le ciel à travers les immeubles, dans les artères d'une ville au poumon encrassé. Des mélodies pour rentrer chez soi sous la pluie. Des mélodies pour s'endormir seul. Des mélodies qui font qu'on change le monde à chaque pas, posant un regard nouveau, vierge, magnifique, sur chaque petite chose qui se tient ici.
Une enseigne un peu vieillotte, mal éclairée, qui rappelle une personne qu'on n'a pas vu depuis longtemps, trop longtemps en fait. Des magasins qui ont fermé, qui ont déménagé, qui ont grandi. Des magasins au stock renouvellé qui font que cette avenue n'est plus vraiment la notre, qui font qu'on a un peu vieilli, tout de même.
Et puis une fille qu'on recroise, ou un garçon, j'en sais rien. Quelqu'un qu'on aimait bien alors, et qui ne se ressemble plus. On a peut-être aimé cette personne. On s'est sûrement soulé avec, ou bien on a joué aux billes. A moins que ce n'était un cinéma, et le restau chinois après. Peut-être que ce soir là, on la désirait, et puis finalement, on rentre chez soi. Parce qu'il est tard, parce qu'on a peur. Parce que...
Et des bribes de notes, griffonnées sur un ticket de caisse, ce ticket qu'on a oublié dans la poche arrière de son jean, passé une demi-douzaine de fois à la machine depuis. Des notes qui racontaient l'histoire du monde, ou encore l'histoire d'un monde, ou l'histoire de son propre monde. Un poème. Un haiku parfait en surimpression, noyé parmis les chiffres, la somme totale, la taxe ajoutée et le nom du vendeur.
Peut-être qu'on devrait raccomoder tout ces restes épars de rêves blancs. Peut-être qu'en fait, il faudrait simplement souffler dessus, ou les respirer. J'en sais rien, finalement.