Des flocons d’univers chutent en silence
Aux sommets de tes planètes
Et je cours
De sentiers en sentiers, de sentiers en sentence,
A la poursuite
D’une voiture électrique climatisée.
Je me souviens
Des big-bangs de peaux,
Œil pour deuil
Dent pour vent,
Je me souviens
Des chats perchés aveugles,
Funambules de fortune,
Pancréas pour pancréas.
Je me souviens que c’était bien mieux avant,
Tu sais, quand j’étais pas né
Ou plutôt
Quand j’étais pas mort,
Quand le grand méchant loup m’faisait pas encore peur,
Quand le petit chaperon était rouge
De colère.
Je me souviens des boules de neige
Qu’on bourrait de cailloux,
Eh! Couillon de la lune!
T’es mêm’pas cap’ de me retoucher!
M’en fiche!
Moi mon père est fonctionnaire!
(Et nous étions
Déjà coupable d’être en vie)
Je me souviens
Des accents circonflexes
Posés au-dessus de mes yeux
Et des trémas sur ma poitrine
Et du bleu de tes yeux
En contusions sur mes artères.
Je me rappelle, en ce temps-là,
Des flocons d’univers chutaient en silence
Aux sommets de tes planètes.
Ils ont encore là…
Et moi, en ce temps-là,
Je courais sur les rails
D’une locomotive
Qui n’est restée qu’une maquette.